2011 | LUIS NAON

CONCERT
Sainte-Nitouche (la fille ni bien ni mal)
CETC (Centro Experimental Teatro Colón)

Opéra de poche pour Mezzosoprano, Clarinette, Saxophone, Bandonéon,
Alto , Contrebasse, Percussion,
Piano et voix enregistrée.

Compositeur : Luis Naón
Texte : Yves Pagès
Éditions Billaudot
Commande de
Musique Nouvelle en Liberté

Mise en espace / Vidéo :
Diego Pittaluga
Danseuse : Luisina Guiffrey
Commédienne : Agnès Sourdillon

Direction : Rut Schereiner 

Interprètes :
Susanna Moncayo (Voix),
Mariano Malamud (Alto),
Facundo Oirdónez (Contrebasse),
Silvia Dabul (Piano),
Pablo Mainetti (Bandonéon),
Martín Moore (Clarinette),
María Noel Luzardo (Saxo)
et Oscar Albrieu Roca (Percussion) 

à propos de Luis Naón

Oeuvre pour clarinette, saxophone, alto, bandonéon, percussion, piano, contrebasse, et une chanteuse (mezzo-soprano) soliste, parfois appuyée par des organisations provenant de sons préenregistrés, principalement des voix : celle d’une narratrice, le double de notre héroïne, Miss Didascalie, et les complaintes des enceintes mâles.

Le texte parlé, pré-enregistré, et quasi radiophonique a une fonction formelle d’aiguiller et de scander l’écoute de moments vocaux de caractère parfois contrastant. L’imbrication et le contraste de ces deux niveaux qui sont autant sémantiques que  théâtraux nous révèle, peu à peu, le personnage central de ce monodrame. Le terrain de l’action dramatique est la salle de concert dans sa totalité : entre le public et Sainte Nitouche, la chanteuse se crée le hiatus de la représentation dont ici la forme particulière est le regard de l’oeil voyeur du spectateur, derrière la glace sans tain, dans un peep-show imaginaire.

L’organisation musicale suit une logique qui découle directement du texte. Celui-ci dans l’alternance quasi responsorielle de la voix parlée et des situations musicales, répond à un critère définit par l’auteur et le compositeur, à la manière d’un livret d’opéra.

L’action dans l’opéra est liée à l’histoire, ce fil rouge sur lequel se greffe le beau.

Ici cette démarcation se concentre dans un personnage unique, et pourtant combien ambivalent, qui a pour habitude de s’exprimer plus par le corps que par la bouche.

Ces différentes situations suscitent des moments de jeu à la lisière entre le théâtre et la musique avec, dans un premier temps, une forte concentration sur le sonore.

Les instrumentistes se répandent en soutenant Nitouche (mezzo) avec leurs références et leurs métaphores.

A mi-chemin entre le cycle de chansons et le monologue chanté le déroulement de l’œuvre se présente sous l’angle de la succession de scènes qui conservent une saveur dramatique d’opéra de poche.

Introduction et Complainte 1 (intérieur)
instrumentale et électronique – Elle place le contexte musical et la texture sur laquelle évoluera notre héroïne.

Puis :
Autour d’une voix , mobile et pouvant évoluer sur la scène
Quatre points fixes (chef – piano – percussion et bandonéon)
Quatre points mobiles (clarinette, saxophone; alto et contrebasse)
Quatre points absents ( les haut parleurs ).

Peep show 1 (extérieur)
sur un fond de blues
Un trio soufflant et l’alter ego de la voix (l’alto)
Sur fond des trois harmonie tempérées.

Petites annonces 1 (aparté – quasi récitatif puis a capella)
La voix de Nitouche récite (plainte du tango renouvelé, Polaco Goyeneche et Piazzolla ultima curda, sommet de musique populaire et musique de chambre) accompagnée par des échos lointains des enceintes mâles.
Nitouche ferme le bal a Capella.

Peep show 2 – (aria)
Percussion-Piano-orchestrés par les vents sur une litanie de corde solitaire bandonéon accompagnateur et voix chantante.
Ici le blues fait place au rythme et rapidement le madrigal pointe à mi-teinte.

Petites annonces 2 (où l’on découvre la nature philologique de Nitouche)
Nitouche se lâche, collectionne les annonces en langue étangère « Heilgymnast », « Signore maturo et pulito » « Maladoï mushina vatchkah »
Surimpression harmonique d’un quatuor non tempéré sur un trio bien tempéré.

Complainte 2 (triste-intérieur)
Vals – Tango – vocalité triste Seize ans de trop.
(Vibra saxophone piano) d’une part
(Saxophone bandonéon) célèbre Mulligan Piazzola.

Complainte 3 (expansive puis grave)
La parole est aux soufflants
La voix s’imprime sur le souffle du trio clarinette, saxe et bandonéon, entrecoupée et incitée par un rythme décomposé, qui déboîte. Le triste revient, et pour finir avec le monodrame sur un fond de Répondeur érotique : le mirage électroacoustique, l’espace se met à parler; Une communication transversale et téléphonique apparaît qui nous échappe à tous.